L’annonce à Dakhla, un des chefs-lieux du Sahara
marocain, de la nomination de 78 ambassadeurs, est un événement dont l’ampleur
est sans pareil, dans les annales de notre ministère des affaires étrangères.
La symbolique du lieu de cette notification est très forte.
Tout connaisseur de
la stratégie, peut constater qu’il y a, en filigrane, une analyse, une volonté
politique, un concept et des objectifs. Un effort plus que louable, mais est-il
suffisant ?
Il est illusoire de penser qu’en changeant seulement les
hommes nous arriverons au but escompté.
S’agissant des personnes désignés, lors de la
visite royale au sud du royaume (février 2016), pour différents postes de responsabilités, les
journalistes, les journaleux, les analystes, les réseaux sociaux…ont émis des
avis plus ou moins objectifs, encensant certains et diffamant d'autres. Ainsi,
par exemple, les mérites incontestables de deux grands commis de l’état, l’ancien
directeur de la RAM et l’ancien l’ambassadeur du Maroc en Italie, ont été
vantés. Par contre le nouveau directeur de notre compagnie aérienne nationale,
a été taillé en pièces, en le qualifiant de petit calibre et pas à la hauteur
de la tâche. Il a été même question de népotisme, dans sa désignation. Il n’était
pas, d’ailleurs le seul. En effet, des médias réels et virtuels ont relevés qu'une
telle est la sœur d'un tel responsable et qu'un tel nominé est le fils ou le
parent d’une telle personnalité connue.
C’est surprenant, pendant des mois, des ambassades
marocaines, dans des contrées très sensibles, étaient sans ambassadeurs et
tout le monde, y compris les observateurs, s’accommodait de la situation
« pas de vagues SVP ». C’est seulement, après le fâcheux épisode de
la Suède, que l’opinion publique, s’est rendue compte du vide diplomatique que
nous avions en Scandinavie.
Il ne faut pas se leurrer, quelle que soit
l’objectivité entourant le choix de ces diplomates, il y a une marge d’erreur
que les responsables du monde entier assument en toute conscience. On n’est pas
dans les sciences exactes. Le plus important est d’atteindre les objectifs globaux au
moindre coût. Il n’est pas interdit de corriger par la suite les imperfections
de la démarche. « La perfection n’est pas de ce
monde ».
Le marchand de légumes, se lève tôt pour aller à la
criée acheter des légumes, dans le but de faire un bénéfice conséquent. Il fait
de son mieux pour choisir, en fonction de ses moyens et de la marchandise
disponible, la meilleure qualité possible, sachant qu’avec toute son expertise
et toute sa volonté, il y aura 10% de son acquisition, qui sera probablement
pas de très bonne qualité voir même invendable. C’est un risque assumé et
intégré dans ses calculs. L’essentiel pour ce commerçant, qu’en fin de journée,
il aura réalisé son objectif global.
Loin de moi de comparer nos valeureux cadres à des
légumes (même s’il existe la formule consacrée « de grosses légumes »)
la métaphore est à titre pédagogique seulement.
On est un peuple bizarre, dès qu’il y a un changement
ou tentative de changement on fait tout pour freiner, dénigrer... l’initiative. On préfère
se contenter du statu quo et de l’immobilisme au détriment du progrès.
Le choix judicieux des hommes fait partie
intégrante d’une stratégie diplomatique ou toute autre stratégie. Par souci
d’efficacité et d’efficience, toute stratégie, qu’il s’agisse d’une stratégie
nationale ou sectorielle, avant l’action, doit répondre, méthodiquement et avec
précision aux questions suivantes :
1. Où sommes-nous ?
2. Où voulons-nous aller ?
3. Quels sont nos moyens et nos facteurs de
puissance ?
4. Comment allons-nous arriver à notre but ?
S’agissant de la stratégie diplomatique, si nous
n’avons pas une structure englobant des cellules de veille ad hoc, nous aurons
une lecture tronquée de notre environnement et de nos facteurs de puissance.
La volonté politique, quant à elle, nous permettra
de fixer les objectifs et d’allouer les moyens en conséquence. vouloir atteindre le but
escompté, nous demandera la conception d’idées fortes, basées sur des études
établies par des équipes de spécialistes inspirées et rompues à cet exercice.
Si nous bridons l’esprit d’initiative chez les
exécutants et si nous pratiquons du micro-management, alors tout le travail
fait en amont, nous ne servira à rien et l’action de nos ambassadeurs sera
réduite à la gestion des affaires consulaires au lieu de remplir une mission
diplomatique, dans les règles de l’art, au service des intérêts suprêmes du
Maroc.
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