“إنمـا الأمـم الأخلاق مـا بقيـت فإن هم ذهبت أخلاقـهم ذهبــواً”
أحمد شوقي
L’éducation, la médecine, et la justice ne sont pas des
chemises que l’on peut changer au gré des saisons, ni des sujets de joutes
politiques mais certainement des terrains ou l’éthique et les valeurs doivent
prévaloir plus qu’ailleurs. Ils sont les piliers de l’édification d’un état fort
et démocratique. Ils sont aussi à la base du progrès ou du déclin d’un pays.
Il ne faut pas
restreindre l’éducation uniquement au rôle du professeur, la médecine au rôle du
médecin et la justice à celui du juge. Chaque domaine prend en considération
tous ceux qui agissent dans sa sphère de compétence. Ainsi par exemple, la médecine
englobe le médecin, le dentiste, le pharmacien, le laborantin, l’infirmier, le technicien
en matériel de médecine, l’administrateur en milieu hospitalier…
L’écrivain français, François Rabelais, disait : « Science
sans conscience n’est que ruine de l’âme », dans notre cas, l’éducation, la
médecine ou la justice sans éthique et sans valeurs morales conduiront inéluctablement
à la ruine de l’âme des citoyens et du pays.
Certes, les acteurs dans l’éducation ont un travail noble, difficile
et relativement peu rémunéré. Mais compte tenu de la gravité des conséquences
de leur travail, l’avenir non seulement des individus mais aussi celui du pays
en dépend. Quand le corps professoral donne le mauvais exemple de morale, d’équité
et de probité dans ses agissements et d’abnégation dans son travail, alors la
génération formée reprendra à son compte toutes les tares de ses éducateurs. De
ce fait, le pays héritera d’une force active peu formée et surtout d’une
génération peu encline à respecter les normes et les règles de vivre ensemble
et la catastrophe est là. Dans le cas contraire, quand les éducateurs agissent
avec toute la conscience morale supposée en eux, le Maroc aura la bénédiction
de disposer de cadres de valeur, dieu soit loué, actuellement cette catégorie
de formateurs n’est pas si rare que ça.
Quand vous rentrez dans un milieu hospitalier et vous
recevez les soins et les prestations attendues, c’est une bénédiction, mais
quand vous êtes face à l’incompétence, la corruption, la saleté, le mauvais
traitement… alors c’est une catastrophe. Subséquemment, c’est une perte de
potentiel de travail, de temps et d’argent aussi bien pour les patients que
pour l’état.
Les justiciables sont heureux de retrouver par le biais des tribunaux
leurs droits spoliés par autrui. En revanche, quand ils se retrouvent face à l’incompétence,
à l’injustice ou au mauvais traitement de la part des juges, des avocats, des
procureurs, des greffiers, des officiers de police judiciaires, des gardiens de
prisons… alors la confiance dans le système judiciaire se perd et partant, le
Maroc perd de son attractivité pour les investisseurs. C’est l’économie du pays
qui en pâtit.
Se contenter de la médiocrité et faire l’impasse sur le non-respect
de l’éthique et des valeurs morales dans l’éducation, la médecine et la justice,
c’est un handicap de taille et l’avenir du pays est sujet à cautions. C’est
pourquoi, le jeu politique ne doit nullement prendre en otage ces piliers de la
vie des citoyens. En effet, dans ces domaines, on doit se faire l’économie d’enchères
politiciennes et on doit les rendre plutôt des terrains d’ententes et de concentration
d’efforts dans l’intérêt suprême de la nation.
Il est légitime de penser qu’afin d’éviter au Maroc toutes
les conséquences fâcheuses des manquements possibles dans l’éducation, la
médecine et la justice et d’en tirer le bienfaisant escompté, il faut
assurément leur appliquer la gouvernance dans toutes les règles de l’art.
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