mercredi 23 octobre 2013

Rumeur, fuites, propagande et politique



« La communication est une science difficile. Ce n'est pas une science exacte. Ça s'apprend et ça se cultive. »
Jean-Luc Lagardère

Le gouvernement Benkirane 2 est finalement formé et un enseignement particulier est à tirer de cet exercice politique : la communication gouvernementale soit qu’elle est défaillante, soit qu’elle est vraiment exceptionnelle.
Tout le long du processus de formation du nouveau gouvernement, on a vu de la rumeur, des fuites et de la propagande. Ces phénomènes communicationnels ont fait le gras des médias et surtout ceux en ligne. Le chef du gouvernement avait annoncé après des semaines et des semaines d’attente qu’il y aura des surprises dans la mise en place du gouvernement. Effectivement, il y avait des surprises, pour le commun des mortels.
Ou il aurait été dans le flou absolu et ses sorties médiatiques ainsi que celles de ses alliés sont juste pour éteindre le feu et il aurait subi les événements et aurait réagi en conséquence, ou bien il aurait maitrisé la situation et aurait eu un contrôle sur la communication.

Dans le premier cas, le chef du gouvernement n’aurait eu que peu, sinon aucune, maitrise sur la communication gouvernementale ou partisane en la matière.
Par manque d’informations officielles, Il aurait à faire face à de la rumeur qui aurait torpillé toutes ses actions pour former un gouvernement, et aurait lui ou ses adeptes à faire des déclarations ou des communiqués de presse pour contredire les informations véhiculées dans les médias. D’ailleurs, la rumeur est facile chez nous. Le marocain a un sens aigu de l’appréciation des événements et peut aisément déduire des conclusions justes ou fausses, qui par la suite, sont véhiculées par ouï-dire et amplifiées par les réseaux sociaux.
Quant à la fuite, elle pourrait être maitrisée, si lui, ses partisans et ses partenaires sont disciplinés et auraient une bonne emprise sur les appareils des partis. En outre, étant donné les enjeux, chaque parti aurait essayé de faire valoir ses atouts, par de la propagande diffuse et insidieuse dans toutes les déclarations politiques ou autres.
Ainsi, le chef du gouvernement aurait été dans une position de réactivité au lieu de la proactivité et aurait subi par-là de la rumeur, des fuites et de la propagande, qui font d’ailleurs un mauvais ménage avec la politique et le gouvernement formé aurait été loin du consensus qu’il recherchait.
Dans le deuxième cas, il aurait finement joué en utilisant tous les outils de communication dont il dispose, couvrant ainsi sa manœuvre politique et distrayant ses détracteurs.
Ceci suppose donc avoir une équipe de communication aguerrie et une stratégie de communication bien étudiée. Au Maroc, les compétences ne manquent pas, pour disposer d’une cellule pouvant piloter magistralement la communication. En ce qui concerne la stratégie « qui veux peux », seule la volonté politique tranche.
En cas de communication planifiée et contrôlée, les rumeurs sont généralement contrecarrées, les fuites sont normalement bien orchestrées. S’agissant de la propagande, la plupart de nos politiciens ont vécu l’ère de la guerre froide et savent comment s’y accommoder.
De ce fait, le chef du gouvernement aurait occupé le terrain médiatique, car la communication a horreur du vide. En conséquence, l’information, la politique et la communication aurait fait un bon ménage et un gouvernement consensuel aurait été formé, selon ses souhaits.
La privation du public d’informations crédibles, le pousse à créer de la rumeur. La communication est ni un ersatz ni un effet de mode, c’est une composante non négligeable du jeu politique. Probablement que la communication de notre gouvernement est ni défaillante ni exceptionnelle. Elle est foncièrement marocaine

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