« La communication est une science difficile. Ce n'est pas
une science exacte. Ça s'apprend et ça se cultive. »
Jean-Luc Lagardère
Le gouvernement Benkirane 2 est finalement formé et un enseignement particulier est à tirer de cet exercice politique : la communication
gouvernementale soit qu’elle est défaillante, soit qu’elle est vraiment exceptionnelle.
Tout le long du processus de formation du nouveau
gouvernement, on a vu de la rumeur, des fuites et de la propagande. Ces
phénomènes communicationnels ont fait le gras des médias et surtout ceux en
ligne. Le chef du gouvernement avait annoncé après des semaines et des semaines
d’attente qu’il y aura des surprises dans la mise en place du gouvernement. Effectivement,
il y avait des surprises, pour le commun des mortels.
Ou il aurait été dans le flou absolu et ses sorties
médiatiques ainsi que celles de ses alliés sont juste pour éteindre le feu et il
aurait subi les événements et aurait réagi en conséquence, ou bien il aurait maitrisé
la situation et aurait eu un contrôle sur la communication.
Dans le premier cas, le chef du gouvernement n’aurait eu que
peu, sinon aucune, maitrise sur la communication gouvernementale ou partisane
en la matière.
Par manque d’informations officielles, Il aurait à faire
face à de la rumeur qui aurait torpillé toutes ses actions pour former un
gouvernement, et aurait lui ou ses adeptes à faire des déclarations ou des
communiqués de presse pour contredire les informations véhiculées dans les
médias. D’ailleurs, la rumeur est facile chez nous. Le marocain a un sens aigu
de l’appréciation des événements et peut aisément déduire des conclusions
justes ou fausses, qui par la suite, sont véhiculées par ouï-dire et amplifiées
par les réseaux sociaux.
Quant à la fuite, elle pourrait être maitrisée, si lui, ses
partisans et ses partenaires sont disciplinés et auraient une bonne emprise
sur les appareils des partis. En outre, étant donné les enjeux, chaque
parti aurait essayé de faire valoir ses atouts, par de la propagande diffuse et
insidieuse dans toutes les déclarations politiques ou autres.
Ainsi, le chef du gouvernement aurait été dans une position
de réactivité au lieu de la proactivité et aurait subi par-là de la rumeur, des
fuites et de la propagande, qui font d’ailleurs un mauvais ménage avec la
politique et le gouvernement formé aurait été loin du consensus qu’il recherchait.
Dans le deuxième cas, il aurait finement joué en utilisant
tous les outils de communication dont il dispose, couvrant ainsi sa manœuvre
politique et distrayant ses détracteurs.
Ceci suppose donc avoir une équipe de communication aguerrie
et une stratégie de communication bien étudiée. Au Maroc, les compétences ne
manquent pas, pour disposer d’une cellule pouvant piloter magistralement la
communication. En ce qui concerne la stratégie « qui veux peux »,
seule la volonté politique tranche.
En cas de communication planifiée et contrôlée, les rumeurs
sont généralement contrecarrées, les fuites sont normalement bien orchestrées.
S’agissant de la propagande, la plupart de nos politiciens ont vécu l’ère de la
guerre froide et savent comment s’y accommoder.
De ce fait, le chef du gouvernement aurait occupé le terrain
médiatique, car la communication a horreur du vide. En conséquence, l’information,
la politique et la communication aurait fait un bon ménage et un gouvernement
consensuel aurait été formé, selon ses souhaits.
La privation du public d’informations crédibles, le pousse à
créer de la rumeur. La communication est ni un ersatz ni un effet de mode,
c’est une composante non négligeable du jeu politique. Probablement que la communication de notre
gouvernement est ni défaillante ni exceptionnelle. Elle est foncièrement
marocaine
.
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