mardi 15 octobre 2013

Quelles sont les propositions pour l’amélioration et la mise à niveau de notre système éducatif et de formation marocain ?


« À notre chère jeunesse, nous disons garde tes vertus d'optimisme, de dynamisme, de créativité, d'ouverture et de fidélité aux valeurs sacrées de ta patrie. Garde la tête haute, les yeux au ciel et les pieds sur terre, il n'y a nulle raison au pessimisme, au négativisme, au découragement ou à l'égarement »
Feu sa Majesté Hassan II
Discours du Trône (3/3/99)

Tout en gardant les pieds sur terre, je pense que notre système d’éducation et de formation a besoin d’un léger lifting suite à certains problèmes inhérents à toute notre administration. Seulement, l’éducation, la santé et la justice sont des secteurs déterminants dans l’analyse des perspectives de réussite d’un pays dans l’avenir.

Les propositions d’amélioration et de mise à niveau de notre système éducatif et de formation 

« Une analyse de l'état d'avancement de cette réforme est en cours de préparation et sera prochainement publiée ». Cette phrase tirée (le 14/10/13) du site du Ministère de l’Éducation Nationale, montre bien qu’il n’y a pas de pilote à bord.

Le Pilotage  

Le pilotage est prévu par la charte, mais il est le maillon faible de la réforme, en effet:
  • Le pilotage doit être identifié à des personnes, autres que les ministres, et je préconise l’inspecteur général de l’Éducation Nationale et l’inspecteur de l’enseignement supérieur qui doivent contrôler périodiquement l’exécution de la réforme. Si ces deux postes n’existent-ils pas, alors ils doivent être créés ;
  • Le contrôle interne doit être une approche systématique et méthodique de contrôle pédagogique, technique, administratif et financier de chaque entité du système éducatif et à tous les niveaux des ministères chargés du SEF :
o   Il doit permettre de redresser toute défaillance ou tout manquement avant que la situation ne s’aggrave et de connaitre périodiquement, le rendement des individus et de l’institution en matière de réforme du SEF ;
o   Ce contrôle interne doit chercher à vérifier l'efficacité des performances de l’entité considérée, à mesurer la fiabilité et l'exhaustivité des données fournies et à s’assurer de l’application des lois et réglementations en vigueur;
o   L’efficience et l’efficacité de la réforme se mesure en comparant les moyens humains, financiers, techniques… mis en place, au regard des résultats obtenus par rapport aux résultats attendus. Il en ressort ainsi, une idée claire sur le degré opérationnel de cette unité ou de ce service et surtout sur sa raison d’être;
o   Les données, des rapports périodiques oraux ou écrits, présentées à l’échelon supérieur, doivent être comparées à la réalité sur le terrain lors du contrôle interne pour en vérifier la véracité;
o   S’agissant de la partie procédurale, elle doit porter sur la vérification de l’application stricte et rigoureuse des plannings de la réforme.
De cette façon le management aura une idée sur le degré de réalisation de la réforme du SEF et à connaitre les difficultés des exécutants.
Cette idée claire sur les performances de la réforme est systématiquement assujettie à la définition précise de la réforme, des attributions et des responsabilités de chaque individu des ministères et des résultats attendus à chaque niveau. Par ailleurs, c’est un moyen de parfaire le rendement de chaque entité et de chaque individu, en la matière.

La Gouvernance

La gouvernance est un processus qui intègre en soit une évaluation systématique des performances et des déficits dans la mise en œuvre de la réforme du SEF.
Un projet quel qu’il soit ne peut réussir sans disposer prérequis étudiés. Il faut que le projet de réforme du SEF soit :
  • Déterminé avec une portée pédagogique, sociale, économique, ou humaine…et vise la réalisation d’un objectif bénéfique et rentable ;
  • Défini pour une période donnée ;
  •  Conçu d’une manière participative ;
  •  Doté de critères mesurables d’obtention de la qualité recherchée.
c'est ces critères qui font défaut à la réforme. Avec tous les prérequis, il faut assurer au projet un environnement et une structure propices à sa réussite. C’est une lutte sans répit contre les polluants et les entraves à la réussite du projet.
S’agissant des polluants :
  • La corruption : mettre en place les moyens préventifs et coercitifs afin d’obliger les fonctionnaires les enseignants, les parents et les bénéficiaires à faire la différence entre l’intérêt privé et l’intérêt collectif ;
  • Le népotisme : octroyer les postes à pourvoir aux postulants, uniquement sur la base du mérite ;
  • L’incompétence : s’assurer que les fonctionnaires et les enseignants ont au départ la formation requise et leur assurer ensuite la formation continue qualifiante aux fonctions dont ils ont la charge.
La lutte contre ses ennemis n’est pas suffisante, il faut aussi se libérer de toutes les entraves en mettant en place une organisation idoine ayant les capacités nécessaires pour prendre en charge la réussite de la réforme.
Il doit y avoir une organisation (structurelle ou managériale), en adéquation avec les finalités du projet. Cette organisation est une plate-forme qui doit, en fonction des moyens mis en place, arriver aux objectifs tracés, au moindre coût.
C’est la raison d’être de l’organisation qui définit sa structure et cette raison repose sur l’avantage quelle doit offrir à la population et au pays en matière d’éducation et de transmission du savoir.
Quel que soit la structure choisie, elle doit comprendre les cinq éléments suivants :
  • Les règles du jeu qui définissent le rôle de chaque membre dans l’exécution des tâches ;
  • La formalisation des relations avec les autres institutions ;
  •  L’organisation de la structure répond aux objectifs de la réforme ;
  • La gestion efficiente des ressources humaines ;
  • La définition des profils requis pour chaque tâche à accomplir.
La structure existe déjà on doit l’adapter aux nouveaux objectifs à atteindre en lui fournissant les capacités manquantes, en tenant compte des conditions de réussite précitées.
Ces préalables et ces conditions visent à ce que chaque structure dispose de capacités lui permettant d’arriver aux résultats recherchés au moindre coût.
 Il faut cependant faire une évaluation des choix politiques qui ont présidés à cette réforme et demander par la suite de manière systématique la réalisation d’audits.

L’évaluation des choix politiques

Les échelons subalternes sont jugés par rapport aux objectifs fixés. Ces objectifs répondent à des choix politiques matérialisés à tous les niveaux concernés par la réforme.
C’est à ce niveau du processus de la gouvernance que la cohérence dans le choix des objectifs et la précision dans la définition des résultats à atteindre par la SEF sont à évaluer.

L’audit

L'audit doit être un examen formel, mis en œuvre par un organisme indépendant et consistant à corroborer ou infirmer les données du rapport du contrôle interne.
Il doit être effectué par des experts pour juger, d’une manière impartiale, les résultats obtenus, l’état de la gestion des ressources et les conditions de fonctionnement de l'entité auditée.
C’est l’audit qui doit permettre aussi de vérifier, d’une manière non partisane, que les choix politiques qui ont conduit aux objectifs fixées répondent positivement ou non aux attentes du pays. Cette évaluation conduira subséquemment à une réadaptation des objectifs aux réalités.
Qu’il s’agisse du contrôle interne ou externe les responsabilités doivent être définies par rapport aux objectifs fixés et doivent donner lieu à des sanctions. Ainsi les bons rendements sont à récompenser et les manquements sont à redresser, allant jusqu’à des poursuites judiciaires.

La peur du changement

Comme toute administration marocaine, l’administration du SEF, est une machine qui souffre de lourdeurs.
Le manque d’éveil technologique et l’attentisme sont en général les principaux facteurs de résistance aux changements.

L’éveil technologique

La formation continue par des séminaires, des conférences, des journaux internes…doit avoir pour mission de susciter le gout à l’innovation et à la remise en cause de soi.

L’attentisme

L’esprit d’initiative est peu encouragé et parfois il est mal vu, par les pairs et par la hiérarchie.
En outre, à tous les échelons, il n’y a pas de mouvements de personnel, seule la politique de « j’y suis j’y reste » prévaut. Le personnel doit être constitué normalement de 40% qui reste uniquement 4 ans au maximum au même poste (représentant l’oxygène), et de 60% qui change de poste après 8 à10 ans (représentant l’expérience et la mémoire).
L’oxygène va permettre d’avoir un regard nouveau sur la marche de la réforme alors que les représentants de l’expérience et de la mémoire font éviter à la réforme les changements de caps sans capitaliser sur les acquis du passé.
 Le mouvement du personnel, la récompense des initiatives et la communication sur les actions individuelles et collectives sont des facteurs qui peuvent faciliter tout changement proposé.

La politisation de l’école

La cristallisation de l’opinion publique sur les problèmes de l’école ne doit en aucun cas en faire un enjeu politique, ni un lieu d’affrontements idéologique des partis politiques, des médias et de la société civile, mais plutôt un sanctuaire chargé de former les cadres du futur.
Ainsi les syndicats des cadres et des étudiants ne doivent statutairement avoir aucun lien avec des entités politiques ou idéologiques.

La «schizophrénie des langues »

Le marocain le vrai, ne renie ni sa berbérité ni son arabité, il est les deux à la fois. Il se dit : si par hasard l’autre sang ne coule pas dans mes veines, sa civilisation et sa culture est en moi dans les profondeurs de mon âme.
Mais le pragmatisme et les réalités économiques limitent les choix linguistiques. Les Nations Unies reconnaissent dans les relations internationales six langues en l’occurrence, l’Anglais, l’Arabe, le Chinois, l’Espagnol, le Français et le Russe. En outre le Secrétariat des Nations unies utilise uniquement deux langues de travail : l'anglais et le français.
En plus de l’arabe, notre langue officielle reconnue par l’ONU qui est la charnière du cursus scolaire, le Français et l’Espagnol, les deux autres langues véhiculaires au Maroc et reconnues par l’ONU, doivent être renforcées au même titre que l’anglais, la langue internationale par excellence.
 On se soucie du poids du cartable de l’enfant allant à l’école et on fait fi d’encombrer son esprit avec l’enseignement du berbère avec un autre alphabet et pourquoi pas la Darija aussi.
Ni la Darija ni le berbère ne vont permettre à l’étudiant de monter dans l’ascenseur social.
 
Arrêtons de changer nos choix et consolidons les acquis de la charte nationale.

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