« À notre chère jeunesse, nous disons garde tes vertus
d'optimisme, de dynamisme, de créativité, d'ouverture et de fidélité aux
valeurs sacrées de ta patrie. Garde la tête haute, les yeux au ciel et les
pieds sur terre, il n'y a nulle raison au pessimisme, au négativisme, au
découragement ou à l'égarement »
Feu sa Majesté Hassan
II
Discours du Trône (3/3/99)
Tout en gardant les pieds sur terre, je pense que notre
système d’éducation et de formation a besoin d’un léger lifting suite à certains
problèmes inhérents à toute notre administration. Seulement, l’éducation, la
santé et la justice sont des secteurs déterminants dans l’analyse des
perspectives de réussite d’un pays dans l’avenir.
Les propositions d’amélioration et de mise à niveau de notre système éducatif et de formation
« Une analyse de l'état d'avancement de cette réforme
est en cours de préparation et sera prochainement publiée ». Cette phrase
tirée (le 14/10/13) du site du Ministère de l’Éducation Nationale, montre bien qu’il
n’y a pas de pilote à bord.
Le Pilotage
Le pilotage est prévu par la charte, mais il est le maillon faible de la réforme, en effet:
- Le pilotage doit être identifié à des personnes, autres que les ministres, et je préconise l’inspecteur général de l’Éducation Nationale et l’inspecteur de l’enseignement supérieur qui doivent contrôler périodiquement l’exécution de la réforme. Si ces deux postes n’existent-ils pas, alors ils doivent être créés ;
- Le contrôle interne doit être une approche systématique et méthodique de contrôle pédagogique, technique, administratif et financier de chaque entité du système éducatif et à tous les niveaux des ministères chargés du SEF :
o Il
doit permettre de redresser toute défaillance ou tout manquement avant que la
situation ne s’aggrave et de connaitre périodiquement, le rendement des
individus et de l’institution en matière de réforme du SEF ;
o Ce
contrôle interne doit chercher à vérifier l'efficacité des performances de
l’entité considérée, à mesurer la fiabilité et l'exhaustivité des données
fournies et à s’assurer de l’application des lois et réglementations en
vigueur;
o L’efficience
et l’efficacité de la réforme se mesure en comparant les moyens humains,
financiers, techniques… mis en place, au regard des résultats obtenus par
rapport aux résultats attendus. Il en ressort ainsi, une idée claire sur le
degré opérationnel de cette unité ou de ce service et surtout sur sa raison
d’être;
o Les
données, des rapports périodiques oraux ou écrits, présentées à l’échelon
supérieur, doivent être comparées à la réalité sur le terrain lors du contrôle
interne pour en vérifier la véracité;
o S’agissant
de la partie procédurale, elle doit porter sur la vérification de l’application
stricte et rigoureuse des plannings de la réforme.
De
cette façon le management aura une idée sur le degré de réalisation de la
réforme du SEF et à connaitre les difficultés des exécutants.
Cette
idée claire sur les performances de la réforme est systématiquement assujettie
à la définition précise de la réforme, des attributions et des responsabilités
de chaque individu des ministères et des résultats attendus à chaque niveau.
Par ailleurs, c’est un moyen de parfaire le rendement de chaque entité et de chaque
individu, en la matière.
La Gouvernance
La gouvernance est un processus qui intègre en soit une
évaluation systématique des performances et des déficits dans la mise en œuvre
de la réforme du SEF.
Un projet quel qu’il soit ne peut réussir sans disposer
prérequis étudiés. Il faut que le projet de réforme du SEF soit :
- Déterminé avec une portée pédagogique, sociale, économique, ou humaine…et vise la réalisation d’un objectif bénéfique et rentable ;
- Défini pour une période donnée ;
- Conçu d’une manière participative ;
- Doté de critères mesurables d’obtention de la qualité recherchée.
c'est ces critères qui font défaut à la réforme. Avec tous les prérequis, il faut assurer au projet un
environnement et une structure propices à sa réussite. C’est une lutte sans
répit contre les polluants et les entraves à la réussite du projet.
S’agissant des
polluants :
- La corruption : mettre en place les moyens préventifs et coercitifs afin d’obliger les fonctionnaires les enseignants, les parents et les bénéficiaires à faire la différence entre l’intérêt privé et l’intérêt collectif ;
- Le népotisme : octroyer les postes à pourvoir aux postulants, uniquement sur la base du mérite ;
- L’incompétence : s’assurer que les fonctionnaires et les enseignants ont au départ la formation requise et leur assurer ensuite la formation continue qualifiante aux fonctions dont ils ont la charge.
La lutte contre ses ennemis n’est pas suffisante, il faut
aussi se libérer de toutes les entraves en mettant en place une organisation
idoine ayant les capacités nécessaires pour prendre en charge la réussite de la
réforme.
Il doit y avoir une organisation (structurelle ou
managériale), en adéquation avec les finalités du projet. Cette organisation
est une plate-forme qui doit, en fonction des moyens mis en place, arriver aux
objectifs tracés, au moindre coût.
C’est la raison d’être de l’organisation qui définit sa
structure et cette raison repose sur l’avantage quelle doit offrir à la population
et au pays en matière d’éducation et de transmission du savoir.
Quel que soit la structure choisie, elle doit comprendre les
cinq éléments suivants :
- Les règles du jeu qui définissent le rôle de chaque membre dans l’exécution des tâches ;
- La formalisation des relations avec les autres institutions ;
- L’organisation de la structure répond aux objectifs de la réforme ;
- La gestion efficiente des ressources humaines ;
- La définition des profils requis pour chaque tâche à accomplir.
La structure existe déjà on doit l’adapter aux nouveaux
objectifs à atteindre en lui fournissant les capacités manquantes, en tenant
compte des conditions de réussite précitées.
Ces préalables et ces conditions visent à ce que chaque
structure dispose de capacités lui permettant d’arriver aux résultats
recherchés au moindre coût.
Il faut cependant faire
une évaluation des choix politiques qui ont présidés à cette réforme et demander
par la suite de manière systématique la réalisation d’audits.
L’évaluation des choix politiques
Les échelons subalternes sont jugés par rapport aux
objectifs fixés. Ces objectifs répondent à des choix politiques matérialisés à
tous les niveaux concernés par la réforme.
C’est à ce niveau du processus de la gouvernance que la
cohérence dans le choix des objectifs et la précision dans la définition des
résultats à atteindre par la SEF sont à évaluer.
L’audit
L'audit doit être un examen formel, mis en œuvre par un
organisme indépendant et consistant à corroborer ou infirmer les données du
rapport du contrôle interne.
Il doit être effectué par des experts pour juger, d’une
manière impartiale, les résultats obtenus, l’état de la gestion des ressources
et les conditions de fonctionnement de l'entité auditée.
C’est l’audit qui doit permettre aussi de vérifier, d’une
manière non partisane, que les choix politiques qui ont conduit aux objectifs
fixées répondent positivement ou non aux attentes du pays. Cette évaluation
conduira subséquemment à une réadaptation des objectifs aux réalités.
Qu’il s’agisse du contrôle interne ou externe les
responsabilités doivent être définies par rapport aux objectifs fixés et
doivent donner lieu à des sanctions. Ainsi les bons rendements sont à
récompenser et les manquements sont à redresser, allant jusqu’à des poursuites
judiciaires.
La peur du changement
Comme toute administration marocaine, l’administration du
SEF, est une machine qui souffre de lourdeurs.
Le manque d’éveil technologique et l’attentisme sont en
général les principaux facteurs de résistance aux changements.
L’éveil technologique
La formation continue par des séminaires, des conférences,
des journaux internes…doit avoir pour mission de susciter le gout à
l’innovation et à la remise en cause de soi.
L’attentisme
L’esprit d’initiative est peu encouragé et parfois il est
mal vu, par les pairs et par la hiérarchie.
En outre, à tous les échelons, il n’y a pas de mouvements de
personnel, seule la politique de « j’y suis j’y reste » prévaut. Le
personnel doit être constitué normalement de 40% qui reste uniquement 4 ans au maximum
au même poste (représentant l’oxygène), et de 60% qui change de poste après 8
à10 ans (représentant l’expérience et la mémoire).
L’oxygène va permettre d’avoir un regard nouveau sur la
marche de la réforme alors que les représentants de l’expérience et de la
mémoire font éviter à la réforme les changements de caps sans capitaliser sur
les acquis du passé.
Le mouvement du
personnel, la récompense des initiatives et la communication sur les actions
individuelles et collectives sont des facteurs qui peuvent faciliter tout changement proposé.
La politisation de l’école
La cristallisation de l’opinion publique sur les problèmes
de l’école ne doit en aucun cas en faire un enjeu politique, ni un lieu
d’affrontements idéologique des partis politiques, des médias et de la société
civile, mais plutôt un sanctuaire chargé de former les cadres du futur.
Ainsi les syndicats des cadres et des étudiants ne doivent
statutairement avoir aucun lien avec des entités politiques ou idéologiques.
La «schizophrénie des langues »
Le marocain le vrai, ne renie ni sa berbérité ni son arabité,
il est les deux à la fois. Il se dit : si par hasard l’autre sang ne coule pas
dans mes veines, sa civilisation et sa culture est en moi dans les profondeurs
de mon âme.
Mais le pragmatisme et les réalités économiques limitent les
choix linguistiques. Les Nations Unies reconnaissent dans les relations
internationales six langues en l’occurrence, l’Anglais, l’Arabe, le Chinois,
l’Espagnol, le Français et le Russe. En outre le Secrétariat des Nations unies
utilise uniquement deux langues de travail : l'anglais et le français.
En plus de l’arabe, notre langue officielle reconnue par
l’ONU qui est la charnière du cursus scolaire, le Français et l’Espagnol, les
deux autres langues véhiculaires au Maroc et reconnues par l’ONU, doivent être
renforcées au même titre que l’anglais, la langue internationale par
excellence.
On se soucie du poids
du cartable de l’enfant allant à l’école et on fait fi d’encombrer son esprit
avec l’enseignement du berbère avec un autre alphabet et pourquoi pas la Darija
aussi.
Ni la Darija ni le berbère ne vont permettre à l’étudiant de
monter dans l’ascenseur social.
Arrêtons de changer nos choix et consolidons les
acquis de la charte nationale.
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