mardi 24 septembre 2013

La faillite des partis politiques est effective et non déclarée. Il s’avère judicieux de réformer cet outil institutionnel, afin de lui rendre ses titres de noblesses

Les partis politiques marocains, 

une chimère ou une réalité

Dans les années 60 et 70, au Maroc, les partis politiques avaient une élite et une base composés essentiellement de la notabilité traditionnelle et avaient un rôle d’encadrement de la population et surtout d’élaboration d’une opinion publique.
Seulement, avec l’exode rural, les notables ont perdu de leur influence au profit des bourgeoisies citadines. En outre, le taux élevé de la population analphabète  et la déliquescence de l’éthique politique et des repères idéologiques ont redu le rôle des partis très difficile.
Cette situation a engendré l’émergence de courants radicaux ayant mis en péril l’existence de l’état.
Dans les années 80-2000 on a vu, d’une part, la confrontation entre les partis politiques, composés d’élite vieille, sclérosée et attachée à des idéologies de l’ère de la guerre froide, et le pouvoir financier de la bourgeoisie naissante de l’indépendance et de la politique de marocanisation, adoptée dans les années 70. Et d’autre part, on a vu, la collusion de certains partis avec des courants radicaux de gauche ou islamistes ayant créé un climat d’instabilité politique.
Cette réalité historique, a engendré un rejet massif et systématique de la politique chez la jeunesse et la perte de confiance dans les instances dévolues normalement à l’encadrement de la population et à la création d’une opinion publique en adéquation avec les aspirations du peuple.
Devant le vide créé et l’apparition des nouveaux média, un microcosme est naît, en dehors de l’intelligentsia qui gouverne. Ainsi la jeunesse a trouvé un terrain d’expression et surtout un milieu où elle peut exprimer librement ses souffrances et ses aspirations. La mobilisation sur les réseaux sociaux de la jeunesse dans l’affaire du pédophile espagnole est une illustration de ce phénomène.
Maintenant avec la faillite effective et non déclarée des partis politiques, il s’avère judicieux de réformer cet outil institutionnel afin de lui rendre ses titres de noblesses, en intégrant dans ces instances les jeunes, les femmes, les handicapés, les MRE…
A cette fin, un climat propice basé sur le mérite, la cohérence et la consistance est un préalable essentiel à instauration de cette réforme. Le mérite recherché repose sur le bannissement du népotisme, de la corruption et de l’incompétence, qui sont d’ailleurs, les ennemis de la gouvernance. Les partis doivent avoir des programmes cohérents avec un choix doctrinal clair. La consistance est matérialisée au sein des partis par des projets sociaux différenciés qui adressent les passifs et capitalisent sur les actifs du pays.
Ceci est un vœu pieux quand on voit le contexte mondial actuel, qui œuvre paradoxalement contre le multipartisme et contre le rôle essentiel des partis dans la vie politique.
En effet, la politique est dénigrée par la tendance qui règne dans plusieurs pays, à vouloir satisfaire les égos ou à vouloir diluer les responsabilités, en créant, à tout bout de champs, des partis ayant des programmes vides ou identiques. Cet état de fait a rendu, par la suite, l’exercice de la formation d’une majorité cohérente et unie, très difficile et a conduit de facto à s’accommoder à des alliances contre nature. Ces alliances ne sont nullement constituées sur des bases idéologiques nobles ou dans l’intérêt du pays, mais plutôt, dans l’intérêt d’individus plus que ceux  des instances qu’ils représentent.
Sans mimer d’autres pays ou transposer les expériences des autres et sans prétention, le Maroc aura tout à gagner en réduisant les partis à trois entités distinctes : un parti à références libérales, un parti à connotations socialistes et un parti conservateur.
Le mérite d’avoir ces trois partis réside dans les faits suivants :

  • Les partis et les courants politiques actuels trouveront une place dans l’un des trois partis ; 
  • La majorité et l’opposition seront identifiées relativement rapidement ;
  • Le choix des électeurs sera facilité par des programmes politiques distincts ;
  • La responsabilité des partis politiques dans la conduite des affaires de l’état sera identifiée sans ambiguïté ; 
  •  La confiance dans le rôle des partis politiques sera rétablie ; 
  • L’implication des citoyens dans la chose publique sera renforcée.

Opter pour seulement trois partis conduira inéluctablement à l’émergence d’une classe politique marocaine de valeur, si les règles de la gouvernance sont appliquées de la formation à la gestion de ces partis politiques, au niveau national, régional et local.
La question politiquement lancinante qui se pose alors : nos partis politiques auront-ils la sagesse et le courage d’accepter cette mutation bénéfique au pays ?

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